Le concept de “de-marketing” est liĂ© Ă des stratĂ©gies oĂč l’objectif n’est pas de stimuler la demande, mais de la rĂ©duire ou de la modĂ©rer pour diverses raisons, telles que la gestion des ressources limitĂ©es, la responsabilitĂ© sociale, ou la prĂ©servation de l’environnement. D’autre part, le lien entre le marketing et le bonheur (happiness) se concentre sur la façon dont les produits, services et expĂ©riences de marketing influencent le bien-ĂȘtre et la satisfaction des consommateurs.
DĂ©-marketing
Dans leur article novateur intitulĂ© “Demarketing, Yes, Demarketing”, publiĂ© en 1971 dans la Harvard Business Review, Philip Kotler et Sidney J. Levy ont introduit et explorĂ© en profondeur le concept de dĂ©-marketing. Cet article est considĂ©rĂ© comme fondateur dans le domaine du de-marketing, un terme qui dĂ©signe les stratĂ©gies visant Ă rĂ©duire la demande pour un produit ou un service, plutĂŽt qu’Ă l’encourager.
Kotler et Levy ont dĂ©veloppĂ© l’idĂ©e que le de-marketing peut ĂȘtre nĂ©cessaire dans certaines situations, notamment lorsque les ressources sont limitĂ©es ou lorsqu’une surconsommation peut avoir des effets nĂ©fastes sur la sociĂ©tĂ© ou l’environnement. Ils ont argumentĂ© que, dans de telles circonstances, les organisations doivent activement chercher Ă dĂ©courager la demande, soit en augmentant les prix, soit en rĂ©duisant la promotion et la distribution des produits concernĂ©s.
Leur travail a mis en lumiĂšre une facette du marketing souvent nĂ©gligĂ©e : celle oĂč les objectifs ne sont pas d’augmenter les ventes ou la part de marchĂ©, mais de gĂ©rer de maniĂšre responsable et durable la consommation des produits et services. Cette perspective Ă©tait particuliĂšrement avant-gardiste Ă l’Ă©poque, prĂ©figurant les prĂ©occupations actuelles liĂ©es Ă la durabilitĂ© et Ă la responsabilitĂ© sociale des entreprises.
L’article de Kotler et Levy “Demarketing, Yes, Demarketing” a ouvert la voie Ă une nouvelle comprĂ©hension du rĂŽle du marketing dans la sociĂ©tĂ©, soulignant que, dans certaines situations, rĂ©duire la consommation peut ĂȘtre aussi important que de la stimuler. Cette idĂ©e reste pertinente aujourd’hui, dans un contexte oĂč les questions de durabilitĂ© et d’Ă©thique prennent une importance croissante dans les stratĂ©gies d’entreprise.
Quelques stratégies de démarketing
Le dĂ©marketing, concept introduit par Philip Kotler et Sidney Levy, implique l’adoption de stratĂ©gies marketing visant Ă rĂ©duire la demande de certains produits ou services. L’augmentation des prix est une stratĂ©gie directe de dĂ©marketing, visant Ă dĂ©courager la demande en rendant le produit ou le service moins abordable, souvent utilisĂ©e pour gĂ©rer la surconsommation de ressources limitĂ©es ou pour des raisons environnementales. ParallĂšlement, la rĂ©duction de la promotion et de la publicitĂ© peut diminuer la visibilitĂ© et l’attrait d’un produit, une approche courante lorsque les produits sont jugĂ©s nuisibles ou pour des raisons Ă©thiques ou environnementales.
Une autre stratĂ©gie clĂ© est la limitation de la disponibilitĂ©, qui consiste Ă rĂ©duire la distribution ou les heures de vente d’un produit, utile pour contrĂŽler la consommation de produits potentiellement problĂ©matiques. De mĂȘme, la modification du produit pour le rendre moins attrayant ou moins pratique peut servir de tactique de dĂ©marketing, comme dans le cas des emballages neutres pour les produits du tabac.
La stratĂ©gie de communication Ă©ducative, qui utilise des campagnes pour informer les consommateurs sur les effets nĂ©gatifs ou les dangers d’un produit, est souvent employĂ©e dans des initiatives de santĂ© publique. Le marketing social, qui promeut des comportements bĂ©nĂ©fiques pour la sociĂ©tĂ© tout en dĂ©courageant l’utilisation de certains produits, joue Ă©galement un rĂŽle important dans le dĂ©marketing.
Enfin, les entreprises peuvent recourir Ă des restrictions et rĂ©glementations, travaillant avec les gouvernements pour imposer des limites lĂ©gales sur la vente ou l’utilisation de certains produits. Ensemble, ces stratĂ©gies de dĂ©marketing sont cruciales pour les entreprises qui cherchent Ă agir de maniĂšre responsable, en gĂ©rant la demande de façon Ă©thique et durable, tout en considĂ©rant les implications sociales et environnementales de leurs produits et services.
Marketing et Bonheur
Dans un monde oĂč le marketing ne se limite plus Ă la simple promotion et vente de produits, la notion de bonheur des consommateurs prend une place centrale. “Marketing et Bonheur” mettent en Ă©vidence une relation dynamique et complexe entre les stratĂ©gies marketing et le bien-ĂȘtre des individus. Ă une Ă©poque oĂč les consommateurs sont de plus en plus conscients et exigeants, comprendre comment le marketing peut contribuer au bonheur devient essentiel pour les entreprises souhaitant se dĂ©marquer et crĂ©er une valeur durable.
Le bonheur, dans ce contexte, est envisagĂ© non seulement comme une Ă©motion passagĂšre mais comme un Ă©tat de bien-ĂȘtre global et durable, influencĂ© par divers facteurs allant de la satisfaction des besoins et dĂ©sirs individuels Ă la rĂ©alisation personnelle et sociale. Le marketing, traditionnellement axĂ© sur la satisfaction des besoins et dĂ©sirs par des biens et services, Ă©volue ainsi vers une approche plus holistique, intĂ©grant des considĂ©rations Ă©motionnelles, psychologiques et mĂȘme Ă©thiques.
Les thĂ©ories et Ă©tudes clĂ©s qui relient le marketing au bonheur examinent comment les expĂ©riences de consommation, la personnalisation des produits et services, les initiatives de responsabilitĂ© sociale des entreprises, et mĂȘme les stratĂ©gies de de-marketing peuvent contribuer au bien-ĂȘtre des consommateurs. De plus, des dĂ©fis et opportunitĂ©s subsistent pour les marques dans la crĂ©ation d’expĂ©riences qui non seulement rĂ©pondent aux attentes des consommateurs mais enrichissent Ă©galement leur vie.
Le lien entre “Marketing et Bonheur” explore la façon dont les entreprises peuvent, Ă travers leurs stratĂ©gies marketing, jouer un rĂŽle positif dans la vie des consommateurs, en contribuant non seulement Ă leur satisfaction immĂ©diate mais aussi Ă leur bonheur Ă long terme.
Des travaux se concentrent sur la maniĂšre dont les expĂ©riences de consommation et les possessions matĂ©rielles influencent le bonheur et le bien-ĂȘtre des individus. Hsee et al. examinent notamment comment la richesse et la consommation affectent le bonheur, tandis que Pine et Gilmore se concentrent sur l’Ă©conomie de l’expĂ©rience et comment les expĂ©riences plutĂŽt que les biens matĂ©riels peuvent conduire Ă un plus grand bonheur.
Dans l’article intitulĂ© “Wealth, Warmth, and Well-Being: Whether Happiness is Relative or Absolute Depends on Whether it is About Money, Acquisition, or Consumption”, publiĂ© dans le Journal of Marketing Research en 2003, les auteurs Hsee, C. K., Zhang, J., Cai, C. F., et Zhang, S. examinent la relation complexe entre la richesse, la consommation et le bonheur. Ils explorent l’idĂ©e que la perception du bonheur peut varier en fonction de s’il s’agit de l’argent, de l’acquisition de biens, ou de la consommation de services et de produits. Leur recherche suggĂšre que le bonheur liĂ© Ă l’argent et aux acquisitions est souvent relatif, dĂ©pendant de la comparaison avec les autres, tandis que le bonheur issu de la consommation est plus susceptible d’ĂȘtre absolu, c’est-Ă -dire Ă©valuĂ© par rapport Ă des besoins ou des dĂ©sirs personnels. Cette distinction offre des perspectives importantes pour comprendre comment les individus Ă©valuent leur bien-ĂȘtre et comment les entreprises peuvent structurer leurs offres pour amĂ©liorer la satisfaction des consommateurs.
Auteurs/Références :
Kotler et Levy (1971) sont souvent citĂ©s comme les pionniers du concept de de-marketing dans leur article “Demarketing, Yes, Demarketing”.
Kotler, P., & Levy, S. J. (1971). “Demarketing, Yes, Demarketing”. Harvard Business Review.
Hsee, C. K., Zhang, J., Cai, C. F., & Zhang, S. (2003). “Wealth, Warmth, and Well-Being: Whether Happiness is Relative or Absolute Depends on Whether it is About Money, Acquisition, or Consumption”. Journal of Marketing Research.
Pine, B. J., & Gilmore, J. H. (1999). “The Experience Economy: Work Is Theatre & Every Business a Stage”. Harvard Business School Press.
Ces deux domaines, bien que distincts, soulignent une tendance croissante dans le marketing moderne : une prise de conscience de l’impact social et environnemental des activitĂ©s de marketing, ainsi qu’une reconnaissance de l’importance du bien-ĂȘtre et du bonheur des consommateurs dans la crĂ©ation de stratĂ©gies de marketing durables et Ă©thiques.