En sciences de gestion, les approches de recherche jouent un rĂ´le central dans la structuration de l’Ă©tude. Une approche bien choisie dĂ©termine comment les chercheurs passent des concepts thĂ©oriques Ă la collecte de donnĂ©es, et inversement. Le modèle de l’oignon de la recherche, proposĂ© par Saunders, Lewis et Thornhill (2015), distingue principalement deux grandes approches : la dĂ©duction et l’induction. Chacune de ces approches reprĂ©sente une façon distincte de concevoir le processus de recherche, influençant la mĂ©thodologie, les techniques de collecte de donnĂ©es, et l’analyse.
1. Approche DĂ©ductive
L’approche déductive est une démarche qui part d’une théorie existante pour formuler des hypothèses spécifiques à tester empiriquement. Elle est souvent associée aux méthodologies quantitatives, car elle nécessite la mise en place de mesures et de méthodes rigoureuses pour confirmer ou infirmer les hypothèses initiales. En sciences de gestion, l’approche déductive est largement utilisée pour tester des modèles théoriques ou explorer des relations causales entre variables.
Dans une démarche déductive, le chercheur suit les étapes suivantes :
- Identifier une théorie existante pertinente pour le sujet d’étude.
- Formuler des hypothèses basées sur cette théorie.
- Concevoir une méthode de collecte de données qui permet de tester ces hypothèses.
- Analyser les données pour vérifier si elles confirment ou réfutent les hypothèses initiales.
Cette approche est souvent comparée à la méthode scientifique traditionnelle, où les chercheurs cherchent à prédire des phénomènes basés sur des lois ou modèles existants. Par exemple, un chercheur en sciences de gestion pourrait utiliser une approche déductive pour examiner si des pratiques spécifiques de leadership augmentent la satisfaction des employés.
« L’approche dĂ©ductive est bien adaptĂ©e aux recherches qui visent Ă tester des thĂ©ories ou Ă confirmer des relations Ă©tablies entre des variables mesurables » (Bryman & Bell, 2011).
2. Approche Inductive
Contrairement Ă l’approche dĂ©ductive, l’approche inductive part des donnĂ©es pour construire une thĂ©orie. Elle est typiquement associĂ©e aux recherches qualitatives et exploratoires, oĂą l’objectif est de comprendre des phĂ©nomènes complexes sans hypothèses prĂ©Ă©tablies. En sciences de gestion, l’induction est souvent utilisĂ©e pour dĂ©velopper de nouvelles thĂ©ories en se basant sur des observations concrètes issues de l’étude de cas, de l’ethnographie, ou des entretiens qualitatifs.
Les étapes de l’approche inductive incluent :
- La collecte de données sur un phénomène ou un problème sans parti pris théorique.
- L’analyse des données pour identifier des schémas ou des tendances émergentes.
- La formulation de théories ou de modèles basés sur les résultats observés.
- La réévaluation de la théorie en fonction de nouvelles observations ou de la collecte de nouvelles données.
L’approche inductive est particulièrement utile dans les recherches exploratoires où les chercheurs cherchent à approfondir leur compréhension d’un phénomène en l’observant de près. Par exemple, une étude inductive pourrait examiner les pratiques de gestion dans des startups technologiques pour développer une théorie sur l’adaptation organisationnelle en milieu incertain.
« L’induction est une dĂ©marche itĂ©rative, permettant aux chercheurs de gĂ©nĂ©rer des thĂ©ories basĂ©es sur des observations spĂ©cifiques, souvent dans des contextes oĂą les connaissances existantes sont limitĂ©es » (Collis & Hussey, 2013).
3. Combinaison des Approches : Une Flexibilité Croissante
Dans la recherche moderne en gestion, il est de plus en plus courant d’utiliser une combinaison d’approches déductives et inductives pour bénéficier des avantages des deux. Cette flexibilité permet aux chercheurs d’adopter une approche pragmatique, en collectant des données à la fois pour tester des hypothèses et pour explorer de nouvelles théories émergentes.
L’usage de méthodes mixtes, qui combine les données quantitatives et qualitatives, est souvent employé pour permettre cette flexibilité. Par exemple, une étude en sciences de gestion pourrait d’abord utiliser une approche inductive pour explorer un phénomène inconnu, puis affiner les hypothèses et les tester avec une approche déductive.
« La combinaison des approches inductive et déductive permet une recherche plus riche, en répondant à la fois aux exigences de rigueur scientifique et à celles de la compréhension contextuelle » (Saunders, Lewis, & Thornhill, 2015).
Pourquoi Choisir une Approche en Sciences de Gestion ?
Le choix entre une approche dĂ©ductive, inductive ou mixte dĂ©pend des objectifs de la recherche et du type de question que le chercheur souhaite rĂ©pondre. Les recherches en sciences de gestion nĂ©cessitent souvent une adaptation mĂ©thodologique pour rĂ©pondre aux problĂ©matiques variĂ©es du domaine, qu’il s’agisse de tester des pratiques de management, d’étudier des comportements organisationnels, ou de comprendre des processus d’innovation.
Choisir une approche adaptée est essentiel pour garantir la pertinence et la validité de la recherche. En définitive, l’approche retenue influe directement sur les méthodes de collecte de données, les techniques d’analyse, et la façon dont les résultats seront interprétés.
Ces approches, qu’elles soient dĂ©ductives, inductives, ou mixtes, constituent des fondations solides pour toute recherche en sciences de gestion. Une comprĂ©hension approfondie de ces perspectives aide les chercheurs Ă construire des Ă©tudes mĂ©thodologiquement cohĂ©rentes et Ă produire des connaissances utiles pour les organisations et les dĂ©cideurs.
Références
- Saunders, M., Lewis, P., & Thornhill, A. (2015). Research Methods for Business Students (7e Ă©d.). Pearson Education Limited.
- Bryman, A., & Bell, E. (2011). Business Research Methods (3e Ă©d.). Oxford University Press.
- Collis, J., & Hussey, R. (2013). Business Research: A Practical Guide for Undergraduate and Postgraduate Students (4e Ă©d.). Palgrave Macmillan.