Les modèles et thĂ©ories psychologiques et comportementales qui visent Ă comprendre et prĂ©dire le comportement humain, en particulier en relation avec l’acceptation et l’utilisation de la technologie.
La Théorie du Comportement Planifié
La ThĂ©orie du Comportement PlanifiĂ© (Theory of Planned Behavior, TPB) a Ă©tĂ© formulĂ©e par Icek Ajzen. La rĂ©fĂ©rence principale qui introduit et dĂ©taille cette thĂ©orie est un article d’Ajzen publiĂ© en 1985. L’article s’intitule “From Intentions to Actions: A Theory of Planned Behavior” et est paru dans le livre “Action Control: From Cognition to Behavior” Ă©ditĂ© par J. Kuhl et J. Beckmann.
Cet article est fondamental pour comprendre la TPB, car il prĂ©sente les concepts clĂ©s de la thĂ©orie, notamment la façon dont les intentions comportementales sont influencĂ©es par les attitudes, les normes subjectives et le contrĂ´le comportemental perçu. La TPB est une extension de la ThĂ©orie de l’Action RaisonnĂ©e d’Ajzen et Fishbein, en ajoutant le concept de contrĂ´le comportemental perçu pour mieux expliquer les comportements dans des situations oĂą les individus n’ont pas un contrĂ´le total sur leur comportement.
Cette thĂ©orie s’appuie sur les composantes suivantes :
- Attitude envers le comportement : Cette dimension concerne l’Ă©valuation positive ou nĂ©gative qu’un individu fait d’un comportement spĂ©cifique. Elle est basĂ©e sur les croyances de la personne concernant les consĂ©quences probables du comportement (consĂ©quences bĂ©nĂ©fiques ou nĂ©fastes) et l’Ă©valuation de ces consĂ©quences. Par exemple, si une personne croit que faire du sport est bĂ©nĂ©fique pour la santĂ© et valorise la bonne santĂ©, elle aura probablement une attitude positive envers l’exercice physique.
- Norme subjective : Cela se rĂ©fère Ă la pression sociale perçue ou Ă l’influence des autres significatifs (comme la famille, les amis, les collègues) sur l’individu pour qu’il exĂ©cute ou non le comportement. Si une personne pense que des personnes importantes pour elle pensent qu’elle devrait (ou ne devrait pas) effectuer un comportement, cela peut influencer son intention de le rĂ©aliser.
- ContrĂ´le comportemental perçu : C’est la perception de la facilitĂ© ou de la difficultĂ© d’exĂ©cuter le comportement. Cela inclut les croyances sur la prĂ©sence de facteurs qui peuvent faciliter ou entraver la rĂ©alisation du comportement. Si une personne se sent capable de contrĂ´ler les actions nĂ©cessaires pour rĂ©aliser un comportement (c’est-Ă -dire qu’elle perçoit un haut degrĂ© de contrĂ´le comportemental), elle est plus susceptible de former une intention forte pour ce comportement.
Ces trois composantes influencent l’intention comportementale, qui est la motivation consciente ou le plan d’une personne pour effectuer un comportement spĂ©cifique. La TPB postule que plus l’intention de rĂ©aliser un comportement est forte, plus la probabilitĂ© que le comportement soit effectuĂ© est Ă©levĂ©e. Toutefois, la rĂ©alisation effective du comportement peut Ă©galement ĂŞtre influencĂ©e par des facteurs externes et le contrĂ´le comportemental rĂ©el.
La TPB a Ă©tĂ© largement appliquĂ©e pour Ă©tudier une variĂ©tĂ© de comportements, allant de la santĂ© et de l’exercice physique aux choix environnementaux et de consommation.
Focus sur le Contrôle Comportemental Perçu :
Le ContrĂ´le Comportemental Perçu, une des composantes clĂ©s de la ThĂ©orie du Comportement PlanifiĂ© (TPB) d’Icek Ajzen, se rĂ©fère Ă la perception qu’une personne a de sa capacitĂ© Ă exĂ©cuter un comportement spĂ©cifique. Cette perception est influencĂ©e par divers facteurs qui peuvent faciliter ou entraver la rĂ©alisation du comportement. Pour identifier les composantes du ContrĂ´le Comportemental Perçu, on peut se focaliser sur les Ă©lĂ©ments suivants :
- Facilitateurs et Obstacles :
- Identifier les facteurs externes qui peuvent faciliter ou entraver le comportement. Par exemple, la disponibilité de ressources, le soutien social, les règlementations, ou les barrières physiques.
- Reconnaître les obstacles internes, tels que les compétences, les connaissances, les émotions ou les croyances personnelles qui peuvent affecter la capacité à exécuter le comportement.
- Expérience Passée :
- Prendre en compte les expériences passées avec des comportements similaires. Les expériences positives antérieures peuvent augmenter le sentiment de contrôle, tandis que les échecs passés peuvent le diminuer.
- Évaluer comment les leçons tirées des expériences passées influencent la perception actuelle du contrôle.
- Croyances sur les Ressources et les Compétences :
- Analyser les croyances sur la possession des compétences, des connaissances, et des ressources nécessaires pour exécuter le comportement.
- Considérer les aspects de formation et d’éducation qui peuvent influencer la perception de la capacité à réaliser le comportement.
- Auto-Efficacité :
- Évaluer le niveau de confiance en soi pour réaliser le comportement. La confiance en sa propre capacité à surmonter les défis est un élément clé du contrôle comportemental perçu.
- Identifier les stratĂ©gies de renforcement de l’auto-efficacitĂ©, comme le renforcement positif ou les encouragements des autres.
- Perception de la Facilité ou de la Difficulté du Comportement :
- Mesurer si la personne perçoit le comportement comme facile ou difficile à réaliser.
- Prendre en compte les facteurs situationnels qui peuvent influencer cette perception.
Le ContrĂ´le Comportemental Perçu est influencĂ© par une combinaison de facteurs internes et externes qui façonnent la perception d’un individu de sa capacitĂ© Ă exĂ©cuter un comportement. Cette composante est essentielle pour comprendre comment les croyances sur le contrĂ´le influencent l’intention comportementale et, en fin de compte, le comportement lui-mĂŞme dans le cadre de la TPB.
Les limites de la TPB
Cette thĂ©orie prĂ©sente plusieurs limites. Elle repose sur l’hypothèse que les individus agissent de manière rationnelle, en tenant compte de toutes les informations disponibles, ce qui nĂ©glige l’influence des facteurs Ă©motionnels ou irrationnels. Bien que la thĂ©orie reconnaisse l’impact des normes sociales, elle peut sous-estimer l’effet de la culture, des groupes sociaux et de l’identitĂ© sociale. De plus, elle est moins efficace pour prĂ©dire les comportements complexes ou inhabituels, particulièrement dans des situations ambigĂĽes.
Un autre point faible rĂ©side dans la mesure du contrĂ´le comportemental perçu, qui ne reflète pas toujours fidèlement les vĂ©ritables barrières ou facilitateurs d’un comportement. La thĂ©orie ne tient pas compte non plus de la façon dont les intentions et les comportements peuvent Ă©voluer avec le temps, suite Ă de nouvelles informations ou expĂ©riences. En se concentrant principalement sur les perceptions et attitudes individuelles, la thĂ©orie ne prend pas suffisamment en compte les facteurs environnementaux ou situationnels.
Le modèle d’acceptation des technologies (Technology Acceptance Model, TAM)
Le modèle d’acceptation des technologies (Technology Acceptance Model, TAM) dĂ©veloppĂ© par Fred D. Davis en 1989 est un cadre thĂ©orique influent conçu pour comprendre l’acceptation et l’utilisation des technologies de l’information. InspirĂ© de la thĂ©orie de l’action raisonnĂ©e, le TAM repose sur deux concepts principaux :
- L’utilitĂ© perçue, qui est la mesure dans laquelle un individu pense qu’utiliser une technologie spĂ©cifique amĂ©liorera sa performance au travail
- La facilitĂ© d’utilisation perçue, qui se rĂ©fère Ă la mesure dans laquelle une personne croit que l’utilisation de cette technologie sera exempte d’effort.
Ces deux Ă©lĂ©ments sont envisagĂ©s comme influençant directement l’intention d’utiliser une technologie, qui Ă son tour dĂ©termine l’utilisation rĂ©elle de cette technologie.
Le modèle Ă©tablit Ă©galement une relation entre ces deux constructeurs, suggĂ©rant que plus une technologie est perçue comme facile Ă utiliser, plus elle est probablement perçue comme utile. Le TAM a Ă©tĂ© largement validĂ© Ă travers de nombreuses Ă©tudes empiriques, dĂ©montrant sa fiabilitĂ© et sa validitĂ© dans la prĂ©diction de l’acceptation et de l’utilisation des technologies de l’information. Son impact est notable dans le domaine de la recherche sur l’acceptation des technologies, oĂą il a Ă©tĂ© appliquĂ© Ă divers contextes tels que les logiciels d’entreprise et les applications mobiles.
Au fil du temps, le modèle a Ă©voluĂ©, donnant lieu Ă des extensions comme le TAM2 et l’UTAUT, qui intègrent des variables supplĂ©mentaires comme les normes sociales et les conditions facilitatrices. Ces Ă©volutions soulignent la continuitĂ© de l’importance du modèle TAM dans la comprĂ©hension des facteurs clĂ©s qui influencent l’adoption technologique, en mettant un accent particulier sur la perception de l’utilitĂ© et de la facilitĂ© d’utilisation.
Les limites du TAM
Bien qu’ayant Ă©tĂ© largement adoptĂ© et appliquĂ© dans de nombreux contextes, le modèle TAM prĂ©sente certaines limites.
Un des principaux reproches faits au modèle TAM est son focus Ă©troit sur les aspects utilitaires de la technologie, tels que l’utilitĂ© perçue et la facilitĂ© d’utilisation perçue. Cette approche omet d’autres facteurs qui peuvent influencer l’acceptation et l’utilisation de la technologie, tels que les aspects sociaux, culturels, Ă©motionnels ou personnels. Par exemple, le modèle ne prend pas en compte comment les normes sociales ou les influences des pairs peuvent affecter l’adoption d’une technologie. De plus, il ne considère pas les rĂ©actions Ă©motionnelles des utilisateurs, qui peuvent ĂŞtre des dĂ©terminants cruciaux dans les dĂ©cisions d’adoption de la technologie.
Une autre limitation est que le modèle TAM a Ă©tĂ© principalement dĂ©veloppĂ© et testĂ© dans des contextes organisationnels, ce qui soulève des questions sur sa gĂ©nĂ©ralisabilitĂ© Ă d’autres types d’environnements, comme les contextes de consommation personnelle ou les milieux Ă©ducatifs. Dans ces environnements, les motivations et les comportements des utilisateurs peuvent ĂŞtre radicalement diffĂ©rents de ceux observĂ©s dans les organisations.
De plus, le modèle a Ă©tĂ© critiquĂ© pour sa simplicitĂ© et son manque de complexitĂ©. Bien que cette simplicitĂ© puisse ĂŞtre une force en termes de facilitĂ© d’utilisation et de clartĂ©, elle peut aussi ĂŞtre une faiblesse car elle ne permet pas de saisir la complexitĂ© et la dynamique rĂ©elles des processus d’adoption de la technologie. Par exemple, le modèle ne tient pas compte de la manière dont les perceptions des utilisateurs peuvent Ă©voluer avec le temps ou en rĂ©ponse Ă des expĂ©riences avec la technologie.
Enfin, le modèle repose fortement sur les rĂ©ponses auto-dĂ©clarĂ©es pour mesurer les perceptions des utilisateurs, ce qui peut conduire Ă des biais de rĂ©ponse. Les utilisateurs peuvent ne pas ĂŞtre toujours capables d’Ă©valuer avec prĂ©cision leur utilitĂ© perçue ou leur facilitĂ© d’utilisation perçue, ou peuvent ĂŞtre influencĂ©s par des facteurs extĂ©rieurs lorsqu’ils fournissent leurs rĂ©ponses.
Le modèle TAM2
Le modèle TAM2, dĂ©veloppĂ© par Venkatesh et Davis en 2000, reprĂ©sente une extension significative du modèle d’Acceptation de la Technologie (Technology Acceptance Model, TAM) original. Cette extension vise Ă incorporer des facteurs supplĂ©mentaires pour mieux comprendre l’adoption et l’utilisation des technologies de l’information dans les organisations. Le TAM2 intègre des concepts issus de thĂ©ories comportementales et organisationnelles pour approfondir la comprĂ©hension des dĂ©terminants de l’acceptation de la technologie.
Le TAM2 conserve les principaux Ă©lĂ©ments du modèle TAM original, Ă savoir l’utilitĂ© perçue et la facilitĂ© d’utilisation perçue, tout en ajoutant des variables sociales et cognitives pour expliquer l’adoption de la technologie. Ces ajouts incluent les normes subjectives, les conditions facilitatrices et l’effet de l’expĂ©rience sur l’utilisation de la technologie. Les normes subjectives, issues de la thĂ©orie de l’action raisonnĂ©e, font rĂ©fĂ©rence Ă la perception qu’ont les utilisateurs des attentes d’autres personnes importantes (comme les collègues ou les supĂ©rieurs) concernant leur utilisation de la technologie. Les conditions facilitatrices se rĂ©fèrent Ă la perception qu’ont les utilisateurs de la disponibilitĂ© des ressources et du support nĂ©cessaires pour utiliser la technologie.
Le TAM2 met Ă©galement l’accent sur l’importance de l’expĂ©rience avec la technologie. Il propose que l’effet des normes subjectives et de la facilitĂ© d’utilisation perçue sur l’intention d’utiliser une technologie diminue avec l’augmentation de l’expĂ©rience. Autrement dit, plus les utilisateurs sont familiers avec la technologie, moins ils dĂ©pendent des opinions des autres ou de la facilitĂ© initiale d’utilisation pour former leur intention d’utilisation.
L’une des contributions majeures du TAM2 est l’Ă©largissement du modèle pour inclure des Ă©lĂ©ments qui expliquent la variation de l’acceptation de la technologie dans le temps. Ceci est particulièrement pertinent dans les environnements organisationnels oĂą les utilisateurs peuvent subir des pressions sociales pour adopter des technologies spĂ©cifiques, et oĂą le support organisationnel peut jouer un rĂ´le clĂ© dans le succès de l’adoption de la technologie.
Le modèle TAM2 enrichit le modèle TAM original en incorporant des facteurs sociaux et contextuels. Cette approche plus holistique permet une meilleure comprĂ©hension des facteurs qui influencent l’adoption des technologies de l’information dans les organisations, soulignant l’importance des influences sociales et du soutien organisationnel, en plus des perceptions individuelles de l’utilitĂ© et de la facilitĂ© d’utilisation.
Les limites du TAM2
Le modèle TAM2, bien qu’Ă©tant une avancĂ©e significative par rapport au modèle TAM original, prĂ©sente certaines limites.
Premièrement, bien que le TAM2 ait introduit des Ă©lĂ©ments supplĂ©mentaires tels que les normes subjectives et les conditions facilitatrices, il se concentre toujours largement sur les aspects utilitaires et cognitifs de l’acceptation de la technologie. Cette orientation peut limiter sa capacitĂ© Ă saisir pleinement la complexitĂ© des comportements humains, en particulier les aspects Ă©motionnels et contextuels qui peuvent influencer l’adoption des technologies. Par exemple, des facteurs tels que la confiance, la satisfaction et la rĂ©sistance au changement, qui peuvent jouer un rĂ´le crucial dans l’acceptation des technologies, ne sont pas directement abordĂ©s dans le modèle.
Deuxièmement, le TAM2 a Ă©tĂ© principalement dĂ©veloppĂ© et testĂ© dans des contextes organisationnels, ce qui soulève des questions quant Ă sa gĂ©nĂ©ralisabilitĂ© Ă d’autres contextes, tels que l’utilisation personnelle ou les environnements Ă©ducatifs. Les facteurs qui influencent l’adoption de la technologie dans ces contextes peuvent ĂŞtre diffĂ©rents de ceux identifiĂ©s dans le TAM2.
En outre, le modèle peut être critiqué pour sa dépendance aux réponses auto-déclarées pour évaluer les perceptions des utilisateurs. Cette méthode de collecte de données peut introduire des biais, tels que la désirabilité sociale ou la mauvaise interprétation des questions, qui peuvent affecter la fiabilité et la validité des résultats.
Une autre limite importante du TAM2 est qu’il ne tient pas compte de l’Ă©volution dynamique des attitudes et des comportements des utilisateurs au fil du temps. Bien que le modèle reconnaisse l’effet de l’expĂ©rience, il ne capture pas comment les perceptions des utilisateurs peuvent changer Ă mesure qu’ils interagissent plus profondĂ©ment avec la technologie, ou comment des facteurs externes tels que les innovations technologiques ou les changements dans l’environnement de travail peuvent influencer l’acceptation de la technologie.
Enfin, le TAM2, tout comme le modèle original, a Ă©tĂ© critiquĂ© pour son approche rĂ©ductionniste. En se concentrant principalement sur des variables spĂ©cifiques, le modèle peut nĂ©gliger l’interaction complexe entre divers facteurs humains, organisationnels et technologiques qui jouent un rĂ´le dans l’acceptation de la technologie.
Bien que le TAM2 apporte des amĂ©liorations significatives par rapport au modèle TAM original, il prĂ©sente des limitations en termes de prise en compte des aspects Ă©motionnels et contextuels, de gĂ©nĂ©ralisation, de dĂ©pendance aux donnĂ©es auto-dĂ©clarĂ©es, de dynamique temporelle, et d’une approche potentiellement rĂ©ductionniste. Ces limites suggèrent la nĂ©cessitĂ© de modèles plus intĂ©gratifs et dynamiques pour comprendre l’acceptation des technologies.
L’UTAUT
Le modèle UTAUT (Unified Theory of Acceptance and Use of Technology) a Ă©tĂ© introduit par Venkatesh, Morris, Davis, et Davis dans leur article de recherche intitulĂ© “User Acceptance of Information Technology: Toward a Unified View”. Ce modèle a Ă©tĂ© publiĂ© en 2003.
Ce modèle a jouĂ© un rĂ´le important dans la recherche sur l’acceptation et l’utilisation des technologies en intĂ©grant les Ă©lĂ©ments clĂ©s des thĂ©ories existantes dans ce domaine et en proposant un cadre unifiĂ© pour Ă©tudier comment les utilisateurs acceptent et utilisent les technologies dans divers contextes.
Les limites de l’UTAUT
Le modèle UTAUT (Unified Theory of Acceptance and Use of Technology), bien qu’efficace pour comprendre l’acceptation des technologies, prĂ©sente plusieurs limites significatives. Sa complexitĂ©, avec de nombreux constructeurs et modĂ©rateurs, rend difficile sa mise en Ĺ“uvre et son interprĂ©tation dans des Ă©tudes pratiques. Originellement conçu pour les technologies de l’information en milieu organisationnel, le modèle peut s’avĂ©rer moins pertinent pour les technologies grand public ou dans des contextes culturels diffĂ©rents. Un aspect critique est son accent sur les dimensions utilitaires et fonctionnelles, nĂ©gligeant ainsi les facteurs Ă©motionnels, sociaux et culturels qui influencent le comportement des utilisateurs.
De plus, les modĂ©rateurs utilisĂ©s dans l’UTAUT, tels que l’âge, le genre, l’expĂ©rience, et la volontĂ© d’essayer, sont considĂ©rĂ©s comme statiques, ne reflĂ©tant pas leur nature dynamique au fil du temps et dans diffĂ©rentes situations. Alors que le modèle prĂ©dit efficacement l’intention d’utiliser une technologie, il est moins performant pour prĂ©voir l’utilisation rĂ©elle et durable de cette technologie. Sa dĂ©pendance aux donnĂ©es auto-dĂ©clarĂ©es pour mesurer les perceptions des utilisateurs peut introduire des biais subjectifs, remettant en question la prĂ©cision des rĂ©sultats.
Le modèle tend Ă©galement Ă sous-estimer l’impact des influences externes, telles que les politiques organisationnelles ou les pressions sociales, sur l’acceptation et l’utilisation des technologies. Enfin, face Ă l’Ă©volution rapide des technologies, l’UTAUT doit ĂŞtre constamment ajustĂ© pour rester pertinent, surtout pour les technologies Ă©mergentes qui prĂ©sentent de nouvelles caractĂ©ristiques et dĂ©fis.
L’UTAUT 2
Le modèle UTAUT 2 est une extension du modèle original UTAUT (Unified Theory of Acceptance and Use of Technology). Cette version Ă©tendue a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e pour mieux s’adapter au contexte de la technologie grand public. Elle a Ă©tĂ© introduite par Venkatesh, Thong, et Xu dans leur article intitulĂ© “Consumer Acceptance and Use of Information Technology: Extending the Unified Theory of Acceptance and Use of Technology”, publiĂ© en 2012.
Dans cet article, les auteurs ajoutent trois nouvelles variables au modèle UTAUT original : l’attente de plaisir (Hedonic Motivation), le coĂ»t perçu (Price Value) et l’habitude (Habit), ce qui rend le modèle plus adaptĂ© pour comprendre l’acceptation et l’utilisation des technologies dans une perspective de consommateur quotidien.
Enfin, son dĂ©veloppement principalement dans des contextes occidentaux soulève des interrogations quant Ă sa validitĂ© et son applicabilitĂ© dans d’autres cadres culturels. Les mĂ©thodes de mesure des attitudes, des normes subjectives et du contrĂ´le comportemental perçu peuvent varier, ce qui affecte la fiabilitĂ© des prĂ©dictions de la thĂ©orie.
Les limites de l’UTAUT 2
Le modèle UTAUT2, une Ă©volution de l’UTAUT original axĂ©e sur le contexte de consommation, apporte des amĂ©liorations significatives mais rencontre aussi plusieurs limites. Conçu spĂ©cifiquement pour les environnements de consommation, il peut ne pas ĂŞtre aussi pertinent ou efficace dans d’autres contextes comme les milieux organisationnels ou Ă©ducatifs. Avec l’introduction de nouvelles variables telles que l’attente de plaisir, les conditions facilitatrices et l’effet de l’habitude, l’UTAUT2 devient plus complexe, rendant son utilisation et son interprĂ©tation plus compliquĂ©es.
La mesure prĂ©cise de ces nouvelles variables pose un dĂ©fi, soulevant des questions sur la fiabilitĂ© et la validitĂ© des donnĂ©es collectĂ©es. Bien qu’il enrichisse l’analyse de l’adoption des technologies, l’UTAUT2 pourrait encore nĂ©gliger des facteurs essentiels tels que les influences culturelles, sociales ou les Ă©motions individuelles. Comme son prĂ©dĂ©cesseur, il est davantage adaptĂ© pour prĂ©dire l’intention d’utilisation que l’utilisation rĂ©elle Ă long terme.
La dĂ©pendance du modèle aux donnĂ©es auto-dĂ©clarĂ©es peut introduire des biais, tels que la surĂ©valuation ou la sous-Ă©valuation des comportements et attitudes. Face Ă l’Ă©volution rapide des technologies, l’UTAUT2 nĂ©cessite des ajustements rĂ©guliers pour rester pertinent face aux nouvelles technologies et aux changements dans le comportement des consommateurs. De plus, le modèle ne prend pas suffisamment en compte les aspects nĂ©gatifs ou les barrières Ă l’adoption des technologies, comme les prĂ©occupations liĂ©es Ă la vie privĂ©e ou Ă la sĂ©curitĂ©.
L’UTAUT2, tout en Ă©tant une avancĂ©e notable, comporte des limitations en termes de complexitĂ©, de prĂ©cision dans la mesure des variables, de prise en compte de certains facteurs importants, de prĂ©diction de l’utilisation rĂ©elle, de dĂ©pendance aux auto-Ă©valuations, d’adaptabilitĂ© aux technologies Ă©mergentes, et de manque de considĂ©ration pour les aspects nĂ©gatifs liĂ©s Ă l’adoption des technologies.
Références
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